Dans le Roannais, au fil de l’eau et des archives, une passionnée fait revivre la mémoire des canaux et du patrimoine fluvial : Carine Seillé. Historienne de formation, elle a créé Patrimonistik, une entreprise dédiée à la mise en valeur du patrimoine sous toutes ses formes. Conférences, expositions, balades commentées, événements… Carine tisse des liens entre passé et présent, entre mémoire locale et curiosité touristique. Pour Murmures d’écluses, elle a accepté de partager avec nous son parcours, sa passion pour le Canal de Roanne à Digoin, et quelques anecdotes savoureuses dignes des plus beaux récits de mariniers.
Fluvialnet : Bonjour Carine, pouvez-vous vous présenter ?
Bonjour, je m’appelle Carine Seillé, j’ai 43 ans et je vis dans le Roannais depuis 16 ans maintenant. Originaire du Nord, je suis historienne de formation et je travaille depuis plus de 20 ans dans les domaines de la Culture, du Tourisme et de la mise en valeur du Patrimoine. J’ai occupé le poste de Chargée de mission de l’Association Le Canal de Roanne à Digoin, qui m’a amené à me pencher plus particulièrement sur l’histoire de la navigation sur la Loire et des canaux.
Comment est venu l’idée de créer votre entreprise Patrimonistik ?
C’est une idée que j’avais depuis plusieurs années ! Lorsque mon contrat de chargée de mission s’est terminé, cela m’a paru être le bon moment pour me lancer. Je travaille depuis plus de 20 ans dans les domaines du tourisme, de la Culture et de la mise en valeur du Patrimoine et j’avais envie de mettre mon expérience au service des collectivités, associations ou des particuliers souhaitant développer un projet dans ces domaines.
Quelles sont les activités que vous proposez avec Patrimonistik ?
Je propose des prestations de services très variées, à destination de tous les publics, afin de développer des projets de mise en valeur du patrimoine ou de développement touristique. Cela peut aller de la création de circuits de visite ou de supports à l’organisation d’un événement pour faire connaître un lieu de Patrimoine ou la création d’expositions temporaires. Ayant des expériences variées, je suis à même de répondre à un large éventail de demandes.
Parallèlement, je propose des activités à destination des particuliers, notamment des balades commentées sur plusieurs sujets, des conférences...
Parlez-nous un peu plus de vos balades commentées
Lorsque je travaillais pour l’association Le Canal de Roanne à Digoin, j’ai effectué un important travail de recherches en archives et sur le terrain, sur l’histoire de ce canal, pour la création d’un site internet dédié.
En créant Patrimonistik, j’ai eu envie de partager le fruit de ces recherches, autant avec les riverains du canal qu’avec les touristes, c’est pourquoi j’ai décidé de proposer ces balades commentées, au Port de Roanne, à Chambilly et Digoin. Accessibles à tous, c’est l’occasion de se pencher sur la riche histoire de ce canal, mais aussi sur 2000 ans de navigation sur la Loire et donc le passé fluvial de ces différentes communes.
Avez-vous d’autres événements prévus sur cet été ?
J’ai eu le plaisir de participer à la création de l’exposition temporaire du Musée de la Tour du Moulin de Marcigny, qui traite entre autres de ces deux sujets, la Loire et le Canal de Roanne à Digoin. Je vous recommande cette visite car l’équipe du Musée a vraiment fait un gros travail sur l’Histoire de Marcigny en lien avec ses ressources fluviales. Je propose aussi des balades commentées sur d’autres thèmes liés à l’histoire et à l’archéologie, notamment une lecture de paysage autour de l’oppidum d’Ambierle.
Enfin je vais animer des croisières commentées sur le Bateau « Ville de Digoin », afin de s’intéresser à l’histoire du Canal du Centre et du Canal de Roanne à Digoin, loin des idées préconçues sur le sujet !
Avez-vous une information insolite à nous partager ?
J’en ai même plusieurs, car l’histoire de nos canaux est riche en rebondissements ! Par exemple, savez-vous que certains des plus grands chefs-d’œuvre de la Renaissance italienne, que l’on peut admirer au Louvre, sont passés par Digoin et ont bien failli jamais en repartir ? Lorsque le Général Bonaparte, futur Napoléon Ier, est allé en 1798 faire la guerre en Italie contre les nations alliées contre la France, il a mis la main sur un certain nombre de tableaux inestimables des grands maîtres italiens, comme Véronèse.
Evidemment il a voulu les envoyer immédiatement à Paris et le moyen le plus sûr, en temps de guerre, était de les acheminer par les eaux intérieures, depuis Marseille via le Rhône, le Canal du Charolais ouvert depuis peu et la Loire. A l’époque, à Digoin il fallait reprendre la Loire, les autres canaux n’existaient pas encore. Mais il n’y avait pas assez d’eau dans le fleuve !!! La péniche transportant les tableaux est restée bloquée un mois à Digoin et l’ingénieur en charge du convoi a eu des sueurs froides quand il s’est aperçu que les rats commençaient à s’attaquer aux caisses de transport ! Heureusement, tout est bien qui finit bien, le bateau a pu rejoindre finalement la capitale et les toiles étaient intactes !
Quel est votre coup de cœur ?
Ce qui m’a beaucoup marqué lors de mes recherches sur le Canal de Roanne à Digoin, c’est toute la vie qui existait autour et grâce au canal. On pense bien sûr aux nombreuses industries, mais c’est surtout tout ce qui était lié au quotidien des mariniers et des riverains. Il existait énormément de petits commerces tout au long de la voie d’eau, épiceries, boulangeries, bistrots, maréchaux-ferrants mais aussi des magasins de vêtement ou des quincailleries, les paysans venaient vendre leurs produits aux écluses, on faisait aussi du troc… Tout cela a disparu aujourd’hui mais en fait ça grouillait de vie sur et tout au long du canal ! Il fallait bien ravitailler les 40 à 50 péniches qui passaient quotidiennement autrefois ! Et c’est tout cela que je raconte aussi dans mes balades commentées.
Vos informations de contact pour permettre aux personnes de vous retrouver
PATRIMONISTIK – Carine Seillé 06 22 01 47 54 patrimonistik@gmail.com
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